cupidité de San-Privato, lequel était, de plus, mon amant… je crois ?
— Oui, selon la calomnie, et, à ce sujet, Antoinette, dis-moi si… ?
— Maintenant, le motif de ces calomnies est à mes yeux de la dernière évidence, — reprit madame de Hansfeld après un nouveau moment de réflexion. — Richard d’Otremont avait seul intérêt à répandre ces bruits indignes. Il me hait autant qu’il hait M. San-Privato.
— De cette haine quelle est donc la cause ?
— Une ancienne rivalité. Tous deux s’occupaient de la marquise de Beaucastel. M. d’Otremont fut évincé. Jamais il n’a pardonné à M. San-Privato la préférence dont celui-ci a été l’objet.
— Ainsi, ma chère Antoinette, — dit Maurice avec une sorte d’allégement, — tu n’as jamais vu San-Privato ?
— Si fait.
— Ah ! — reprit Maurice tressaillant et légèrement assombri, — tu connais mon cousin ?
— Il m’a été autrefois présenté par l’ambassadeur de Naples.
— Ah ! — fit Maurice, de qui les traits s’assombrissaient davantage, — tu connais aussi l’ambassadeur de Naples ?
— C’est l’un de mes meilleurs, de mes plus vieux amis ; j’ai pour lui la tendresse, la vénération d’une fille envers son père, — répondit simplement Antoinette sans paraître remarquer la surprise et l’inquiétude croissantes de Maurice.
Puis elle ajouta :
— M. San-Privato, te disais-je, m’a été autrefois présenté par M. l’ambassadeur de Naples, dont il est le premier secrétaire. Il m’a été antipathique au premier abord ; je lui ai, je crois, causé la même impression, et, depuis, nous ne nous sommes jamais revus.
— Jamais, Antoinette ?
— Non.
— Je ne m’explique pas l’intérêt que M. d’Otremont avait à prétendre que San-Privato était ton…
— Était mon amant ?
— Oui.
— Un intérêt bien simple.
— Lequel, je te prie, Antoinette ?
— M. d’Otremont, en m’accusant d’être la maîtresse de M. San-Privato, ne donnait-il pas ainsi une ombre de vraisemblance à cette stupide invention, que je voulais te faire tuer par M. d’Otremont, pauvre cher Maurice, afin qu’après ta mort ton cousin