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suffoquée par l’énormité même de ces calomnies, encore plus insensées qu’elles ne sont infâmes, et dont il m’est impossible de comprendre le mobile ou le but, à moins de savoir qui les a propagées ou de qui tu les tiens.

— Je les tiens de mon père.

— Ton père ? je le croyais encore au Morillon ?

— Il est arrivé hier au soir.

— Comment a-t-il pu, étranger à Paris et aux personnes dont il est question, imaginer seulement de telles calomnies ?

— Elles lui ont été rapportées par un homme jadis à la mode et ruiné depuis longtemps. On l’appelait le beau Delmare ! Il a été autrefois intimement lié avec M. d’Otremont.

— Ah !… — reprit Antoinette semblant réfléchir. — Ce M. Delmare était autrefois intimement lié avec Richard d’Otremont ?

— Oui, et, après sa ruine, il est venu chercher une retraite dans nos montagnes du Jura. C’est ainsi que ma famille l’a connu. Il est peu à peu devenu, pour ainsi dire, notre mentor, à ma cousine et à moi.

— Ce M. Delmare est-il à Paris depuis longtemps ?

— Il y est venu récemment, et, ce matin, il m’a servi de témoin dans ce duel, où j’ai été, à ma honte, deux fois désarmé par M. d’Otremont ; mais…

— Tout s’explique ! — reprit vivement madame de Hansfeld interrompant Maurice. — Plus de doute, j’ai saisi le fil de ces ténébreuses diffamations. Richard d’Otremont, furieux contre moi parce que je t’ai préféré à lui, doit être le principal auteur de ces calomnies.

— En effet, lui seul peut…

— Peut avoir dit, je suppose, que je lui ai promis de l’écouter s’il te tuait en duel… Mais non, non, c’eût été par trop stupide ; quel aurait été mon but ? quel intérêt avais-je à ta mort, moi ?

— Et San-Privato, ma pauvre Antoinette ? — reprit Maurice avec un accent de commisération profonde pour l’innocente et immaculée victime de ces atroces calomnies. Tu oublies mon cousin San-Privato !

— Comment ?

— N’était-il pas, par ma mort, délivré d’un rival auprès de Jeane ? n’héritait-il pas un jour de mes parents ?

— Il est vrai, — reprit Antoinette avec un sourire de dédain. — J’oubliais que, selon cette véridique et surtout vraisemblable histoire, j’étais, n’est-ce pas, l’instrument de la jalousie et de la