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— Non, ma mère ; mais il fait chaud, et j’ai très-soif.

— Tu ne manges absolument rien, — ajouta madame Dumirail voyant son fils encore refuser un mets qu’on lui offrait ; — tu te sens donc indisposé, mon enfant ?

— Non, ma mère… seulement, le changement d’air m’aura fait perdre l’appétit.

Le domestique étant alors sorti pour les besoins de son service, madame Dumirail reprit, sans dissimuler ses angoisses :

— Nous voici seuls, mon ami ; je t’en supplie, dis-nous la cause de ce changement si visible en toi, et dont, Jeane et moi, nous sommes profondément inquiètes ; tu ne nous persuaderas jamais qu’il ne te soit pas arrivé quelque chose ?

— Ma bonne mère, je te répète et te répéterai à satiété qu’il ne m’est rien arrivé.

— Mon enfant…

— Tu m’adresserais vingt fois la même question, ma chère mère, que tu recevrais vingt fois la même réponse, puisque je n’en ai pas d’autre à te faire.

— Si c’est un parti pris, mon ami, je n’essayerai pas de lutter d’obstination avec toi.

— Je serais désolé de te blesser, ma mère, mais je ne puis que te répondre la vérité…

— La vérité !… — reprit madame Dumirail d’un air de doute ; — enfin, je n’insiste plus…

Et, après une pause, elle reprit :

— Tu ne nous dis rien de ta visite chez cette dame ?

— J’attendais que nous fussions seuls.

— Quelle est donc cette communication si… importante…, — reprit madame Dumirail appuyant sur ce dernier mot, — que cette dame avait à te faire ?

— Madame la baronne de Hansfeld…

Maurice accentua ce titre avec une certaine complaisance.

— Madame la baronne de Hansfeld, ayant appris que mon père était dans l’intention de vendre le Morillon, désire acquérir cette propriété.

— Voilà tout, mon fils ?…

— Oui, ma mère…

— Ainsi, cette dame, pour te demander simplement si ton père voulait ou non vendre ce domaine, t’a gardé chez elle pendant trois grandes heures ?

— Ma tante, cela s’explique à merveille, — reprit Jeane avec une ironie fébrile, — Maurice, afin de donner à cette personne