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aux cruelles conséquences que pouvait avoir pour lui sa résolution, allait s’efforcer de combattre la détestable influence de San-Privato, lorsqu’il vit de loin un courrier, vêtu d’une livrée rouge galonnée d’or, s’avancer rapidement, au galop de son cheval, à travers les prairies du chalet, et, à quelque distance de ce cavalier, madame San-Privato, précédant d’un pas précipité M. et madame Dumirail.

L’arrivée du courrier rompit le charme qui tenait immobiles, sous le coup de tant d’émotions diverses, Jeane et Maurice. Celui-ci, furieux de l’audacieuse persistance de San-Privato, et songeant que pas un mot de Jeane n’avait repoussé cet insolent amour, doutait pour la première fois de l’affection de sa fiancée. Éperdu de chagrin ou de rage, l’esprit troublé par l’effervescence du sang qui affluait violemment à son cerveau, incapable de raisonner, ne sachant que résoudre, anéanti, presque hébété par des souffrances morales, si nouvelles pour lui, le malheureux poussa un cri déchirant, chancela comme un homme ivre, et, redevenant presque enfant, se jeta sur le gazon : accès de douleur puérile dans son expression, mais atroce dans ses ressentiments ; et, les poings crispés, la face contre terre, Maurice poussa des gémissements étouffés.

Jeane, non moins bouleversée que son fiancé, obéit de nouveau à l’appel mystérieux de la nature qui l’attirait invinciblement vers Charles Delmare, se jeta dans ses bras, fondit en larmes et balbutia :

— Secourez-moi, secourez-moi… je me sens perdue !… et pourtant je le hais, cet homme infernal, et j’aime Maurice !

Tandis que Charles Delmare, afin de pouvoir, sans témoin, consoler, réconforter sa fille, l’entraînait presque défaillante à quelques pas de San-Privato, celui-ci, redevenu parfaitement calme, recevait du courrier, descendu de cheval, une dépêche qu’il lut avec une surprise et une joie évidentes.

Madame San-Privato, toujours courant, s’approchait de plus en plus, criant d’une voix essoufflée, mais triomphante d’orgueil :

— Albert, mon Albert, tu es nommé… chargé… d’affaires… à Paris !… On vient te chercher… en voiture… à quatre chevaux, avec un courrier… Nous allons partir… mon Albert, chargé d’affaires !… Tu es… chargé d’affaires !

À ces mots de madame San-Privato : « Albert, tu es nommé chargé d’affaires… Nous allons partir ! » Charles Delmare, d’abord, si cela se peut dire, ébloui par le rayonnement soudain d’une espérance aussi imprévue que radieuse, se recueillit un moment ;