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conscience de leur gratitude, que la conviction d’avoir été agréable à Dieu, dont l’éternelle bonté se réjouit dans tout ce qui est bon, soient votre récompense pour le bien que vous avez fait, soient votre encouragement pour le bien que vous ferez encore…

— Je vous remercie, M. l’abbé, répondit M. Hardy, touché de ce langage, si différent de celui du père d’Aigrigny ; dans la tristesse où je suis plongé, il est doux au cœur d’entendre parler d’une manière si consolante, et, je l’avoue, ajouta M. Hardy d’un air pensif, l’élévation, la gravité de votre caractère donnent un grand poids à vos paroles.

— Voilà ce qu’il y avait à craindre, dit tout bas le père d’Aigrigny à Rodin, qui restait toujours à son trou, l’œil pénétrant, l’oreille au guet ; ce Gabriel va tout faire pour arracher M. Hardy à son apathie, et le rejeter dans la vie active.

— Je ne crains pas cela, répondit Rodin de sa voix brève et tranchante. M. Hardy s’oubliera peut-être un moment, mais s’il essaye de marcher, il verra bien qu’il a les jambes cassées…

— Que craint donc Votre Révérence ?

— La lenteur de notre révérend père de l’archevêché.

— Mais qu’espérez-vous de… ?