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tion. À quoi bon… me donner des regrets ?… car, hélas ! c’est vrai… je vous aimais bien tous… j’avais bien fait des projets pour vous dans l’avenir…, ajouta M. Hardy avec un attendrissement involontaire.

Puis il reprit, luttant contre ce mouvement d’expansion :

— Mais à quoi bon songer à cela ?… le passé ne peut revenir.

— Qui sait, M. Hardy, qui sait ? reprit Agricol, de plus en plus heureux de l’hésitation de son ancien patron ; lisez d’abord la lettre de mademoiselle de Cardoville.

M. Hardy, cédant aux instances d’Agricol, prit cette lettre presque malgré lui, la décacheta et la lut ; peu à peu sa physionomie exprima tour à tour l’attendrissement, la reconnaissance et l’admiration. Plusieurs fois il s’interrompit pour dire à Agricol avec une expansion dont il semblait lui-même étonné :

— Oh ! c’est bien !… c’est beau !…

Puis, la lecture terminée, M. Hardy, s’adressant au forgeron avec un soupir mélancolique :

— Quel cœur que celui de mademoiselle de Cardoville ! Que de bonté ! que d’esprit !… que d’élévation dans la pensée !… Ah !… je n’oublierai jamais la noblesse de sentiments qui lui