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prolongées ainsi bien avant dans la nuit !… Et les poésies pastorales d’Agricol, et les timides confidences littéraires de la Mayeux ! Et la voix si pure, si fraîche d’Angèle, se joignant à la voix mâle et vibrante d’Agricol, dans des chants d’une mélodie simple et naïve !… Et les récits de Dagobert, si énergiques, si pittoresques dans leur naïveté guerrière, et l’adorable gaieté des enfants, et leurs ébats avec le bon vieux Rabat-Joie, qui se prête à leurs jeux plus qu’il n’y prend part !… Bonne et intelligente créature qui semble toujours chercher quelqu’un, dit Dagobert qui le connaît ; et il a raison… Oui… ces deux anges, dont il était le gardien fidèle, lui aussi les regrette…

« Ne croyez pas, mon ami, que notre bonheur nous rende oublieux ; non, non, il ne se passe pas de jour que des noms bien chers à tous nos cœurs ne soient prononcés avec un pieux et tendre respect… Aussi les souvenirs douloureux qu’ils rappellent, planant sans cesse autour de nous, donnent à notre existence calme et heureuse cette nuance de douce gravité qui vous a frappé…

« Sans doute, mon ami, cette vie, restreinte dans le cercle intime de la famille et ne rayonnant pas au dehors pour le bien-être et l’amélioration de nos frères, est peut-être d’une fé-