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la face du jésuite rayonnait d’orgueil et d’audace.

Lorsqu’il eut vu Rodin complètement remis, le père Caboccini sembla se transformer, quoique petit, obèse et borgne : ses traits, naguère si riants, prirent tout à coup une expression si ferme, si dure, si dominatrice, que Rodin recula d’un pas en le regardant.

Alors, le père Caboccini, tirant de sa poche un papier, qu’il baisa respectueusement, jeta un regard d’une sévérité extrême sur Rodin, et lut ce qui suit, d’une voix sonore et menaçante :

« Au reçu du présent rescrit, le révérend père Rodin remettra tous ses pouvoirs au révérend père Caboccini, qui demeurera seul chargé, ainsi que le révérend père d’Aigrigny, de recueillir la succession de Rennepont, si, dans sa justice éternelle, le Seigneur veut que ces biens, qui ont été autrefois dérobés à notre compagnie, nous soient rendus.

« De plus, au reçu du présent rescrit, le révérend père Rodin, surveillé par un de nos pères, que désignera le révérend père Caboccini, sera conduit dans notre maison de la ville de Laval, où, mis en cellule, il restera en retraite et claustration absolue jusqu’à nouvel ordre. »