Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/511

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la dévorante impatience du triomphe se lisait sur la physionomie de Rodin ; deux ou trois fois, ouvrant son portefeuille, il relut et classa les différents actes ou notifications de décès des membres de la famille Rennepont ; et, de temps à autre, il avançait la tête à la portière avec anxiété, comme s’il eût voulu hâter la marche lente de la voiture.

Le bon petit père, son socius, ne le quittait pas du regard ; ce regard avait une expression aussi sournoise qu’étrange.

Enfin la voiture, entrant dans la rue Saint-François, s’arrêta devant la porte ferrée de la vieille maison, naguère fermée depuis un siècle et demi.

Rodin sauta du fiacre, agile comme un jeune homme, et heurta violemment à la porte, pendant que le père Caboccini, moins leste, prenait terre plus prudemment.

Rien ne répondit aux coups de marteau retentissants que Rodin venait de frapper.

Frémissant d’anxiété, il frappa de nouveau ; cette fois, prêtant l’oreille attentivement, il entendit s’approcher des pas lents et traînants ; mais ils s’arrêtèrent à quelques pas de la porte, qui ne s’ouvrait pas.

— C’est griller sur des charbons ardents, dit Rodin, car il lui semblait que sa poitrine en