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foudre ;… mais… pourquoi s’appesantir ainsi sur les sinistres propriétés de cette arme ?…

— Pour vous montrer, monseigneur, que ce kandjiar est la sûreté et l’impunité de ma vengeance… Avec ce poignard je tue, avec ce poison, j’échappe à la justice des hommes par une mort rapide… Et pourtant… ce kandjiar… je vous l’abandonne, prenez-le… monseigneur ; … plutôt renoncer à ma vengeance que de me rendre indigne de jamais toucher votre main…

Et le métis tendit le poignard au prince.

Djalma, aussi heureux que surpris de cette détermination inattendue, passa vivement l’arme terrible à sa ceinture pendant que le métis reprit, d’une voix émue :

— Gardez ce kandjiar, monseigneur, et lorsque vous aurez vu… et entendu ce que nous allons voir et entendre, ou vous me donnerez le poignard, et je frapperai une infâme… ou vous me donnerez le poison… et je mourrai sans frapper ;… à vous d’ordonner… à moi d’obéir…

Au moment où Djalma allait répondre, la voiture s’arrêta devant la maison de la Sainte-Colombe.

Le prince et le métis, bien encapés, entrèrent sous un porche obscur.

La porte cochère se referma sur eux.