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quelques notes (et la princesse remit un papier à Adrienne) qui, je l’espère, lui démontreront jusqu’à la plus entière évidence… la réalité de ce que je lui annonce.

— Mille grâces, ma chère tante, dit Adrienne en prenant le papier avec une souveraine indifférence, cette précaution, cette preuve étaient superflues ; vous le savez, je vous crois toujours sur parole… lorsqu’il s’agit de votre bienveillance envers moi.

Malgré son ignorance des perfidies raffinées, des cruautés perlées de la civilisation, Djalma, doué d’un tact très-fin comme toutes les natures un peu sauvages et violemment impressionnables, ressentait une sorte de malaise moral en entendant cet échange de fausses aménités ; il n’en devinait pas le sens détourné ; mais, pour ainsi dire, elles sonnaient faux à son oreille ; puis, instinct ou pressentiment, il éprouvait une vague répulsion pour madame de Saint-Dizier.

En effet, la dévote, songeant à la gravité de l’incident qu’elle s’apprêtait à soulever, contenait à peine son agitation intérieure, que trahissaient la coloration croissante de son visage, son sourire amer et l’éclat méchant de son regard ; aussi, à la vue de cette femme, Djalma, ne pouvant vaincre une antipathie