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— Certainement, dit mademoiselle de Cardoville.

Le domestique sortit.

La Mayeux allait, par discrétion, se lever et quitter la chambre.

Adrienne la retint et lui dit avec un accent de sérieuse tendresse en lui prenant la main :

— Mon amie… restez ;… je vous en prie…

— Vous voulez…

— Oui… je veux… toujours par vengeance, reprit Adrienne en souriant, montrer à madame de Saint-Dizier… que j’ai une tendre amie ;… qu’enfin je jouis de tous les bonheurs à la fois…

— Mais Adrienne, reprit timidement la Mayeux, pensez donc… que…

— Silence ! Voici la princesse, restez… Je vous le demande en grâce et comme un service. Votre rare instinct de cœur… devinera peut-être le but caché de sa visite ;… les pressentiments de votre affection ne m’ont-ils pas éclairée sur les trames de cet odieux Rodin ?

Devant une telle prière, la Mayeux ne pouvait hésiter ; elle resta, mais fit quelques pas pour se reculer de la cheminée ; Adrienne la prit par la main, la fit se rasseoir dans le fauteuil qu’elle occupait au coin du foyer et lui dit :