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— Ma sœur… notre rêve… était vrai ! s’écria tout à coup Rose presque délirante, en jetant ses bras autour du cou de sa sœur. Regarde… regarde ;… l’ange Gabriel vient nous chercher…

À ce moment, en effet, Gabriel entrait dans l’espèce d’hémicycle réservé à chaque extrémité du salon.

— Ciel !… que vois-je ?… les filles du maréchal Simon ! s’écria le jeune prêtre.

Et s’élançant, il reçut les orphelines entre ses bras ; elles n’avaient plus la force de se soutenir ; déjà leurs têtes alanguies, leurs yeux mourants, leur souffle péniblement oppressé annonçaient les approches de la mort…

La sœur Marthe n’était qu’à quelques pas ; elle accourut à l’appel de Gabriel ; aidé de cette sainte femme, il put transporter les orphelines sur le lit réservé au médecin de garde.

De peur que le spectacle de cette déchirante agonie n’impressionnât trop vivement les malades voisines, la sœur Marthe tira un grand rideau, et les deux sœurs furent séparées, de la sorte, du reste de la salle.

Leurs mains s’étaient si étroitement entrelacées pendant un accès de paroxysme nerveux, que l’on ne put disjoindre leurs doigts crispés ; ce fut ainsi que les premiers secours leurs furent