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sumé de votre cœur… Vous imposer de ces privations souvent si pénibles pour les jeunes filles !

— Madame, dit Rose avec embarras, croyez que cette offrande n’est nullement une privation pour nous…

— Oh ! je vous crois, reprit gracieusement la princesse, vous êtes trop jolies pour avoir besoin des ressources superflues de la toilette… et votre âme est trop belle pour ne pas préférer les jouissances de la charité à tout autre plaisir…

— Madame…

— Allons, mesdemoiselles, dit madame de Saint-Dizier en souriant et en prenant son air bonne femme, ne soyez pas confuses de ces louanges. À mon âge on ne flatte guère, et je vous parle en mère ;… que dis-je ? en grand’mère ;… je suis bien assez vieille pour cela…

— Nous serions bien heureuses si notre aumône pouvait alléger quelques-uns des maux pour le soulagement desquels vous quêtez, madame, dit Rose, car ces maux sont affreux, sans doute.

— Oui, bien affreux, reprit tristement la dévote ; mais ce qui console un peu de tels malheurs, c’est de voir l’intérêt, la pitié qu’ils inspirent dans toutes les classes de la société… En ma qualité de quêteuse, je suis plus à même