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sœur paraissez bien dignes d’un pareil dévouement… Dévouement, ajouta la princesse en se tournant vers Dagobert, aussi honorable pour ceux qui l’inspirent que pour celui qui le ressent…

— Ma foi ! oui, madame, dit Dagobert, je m’en honore et je m’en flatte, car il y a de quoi… Mais, tenez, voilà Rose avec son magot.

En effet, la jeune fille sortit de sa chambre, tenant à la main une bourse de soie verte assez remplie. Elle la remit à la princesse, qui avait déjà deux ou trois fois tourné la tête vers la porte avec une secrète impatience, comme si elle eût attendu la venue d’une personne qui n’arrivait pas ; ce mouvement ne fut pas remarqué par Dagobert.

— Nous voudrions, madame, dit Rose à madame de Saint-Dizier, vous offrir davantage ; mais c’est là tout ce que nous possédons…

— Comment ?… de l’or, dit la dévote en voyant plusieurs louis briller à travers les maillons de la bourse. Mais votre modeste offrande, mesdemoiselles, est d’une générosité rare.

Puis la princesse ajouta, en regardant les jeunes filles avec attendrissement :

— Cette somme était, sans doute, destinée à vos plaisirs, à votre toilette ? Ce don n’en est que plus touchant… Ah ! je n’avais pas trop pré-