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à coup ces irrésolutions ont cessé, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas de sacrifier un devoir à un autre et de me préparer ainsi un remords, mais qu’il fallait accomplir deux devoirs à la fois, devoirs sacrés tous deux, et c’est ce que je fais avec joie, avec cœur, avec bonheur. »

— Oh ! dis, dis, ma sœur, continue, s’écria Blanche en se levant pour se rapprocher de Rose, il me semble entendre notre père ; rappelons-nous-les souvent, ces paroles, elles nous soutiendraient si nous avions l’envie de nous attrister de son absence.

— N’est-ce pas, sœur ? Mais, comme notre père nous le disait encore : « Au lieu d’être chagrines de mon départ, mes enfants, soyez-en joyeuses, soyez-en fières. Je vous quitte pour accomplir quelque chose de bien, de généreux. Tenez, figurez-vous qu’il y ait quelque part un pauvre orphelin, souffrant, opprimé, abandonné de tous ; que le père de cet orphelin ait été mon bienfaiteur ; que je lui aie juré de me dévouer à son fils ; et que les jours de son fils soient menacés ?… Dites, mes enfants, seriez-vous tristes de me voir vous quitter pour aller au secours de cet orphelin ?

« – Oh ! non, non, brave père, avons-nous répondu, nous ne serions pas tes filles, alors ! reprit Rose avec exaltation ; va, sois sûr de nous.