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— Je vous demande en grâce de me laisser seul… je vous le demande comme un service… est-ce assez ? dit le maréchal en redoublant d’efforts pour se contraindre.

Et une grande pâleur succédait à la vive rougeur qui pendant cette scène pénible avait enflammé les traits du maréchal. Dagobert, effrayé de ce symptôme, redoubla d’instances.

— Je vous en supplie, mon général, dit-il d’une voix altérée, permettez-moi… pour un moment de…

— Puisque vous l’exigez, ce sera donc moi qui sortirai, monsieur, dit le maréchal en faisant un pas vers la porte.

Ces mots furent dits de telle sorte que Dagobert n’osa pas insister ; il baissa la tête, accablé, désespéré, regarda encore un instant le maréchal en silence et d’un air suppliant ; mais à un nouveau mouvement d’emportement que ne put retenir le père de Rose et de Blanche, le soldat sortit à pas lents.

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Quelques minutes s’étaient à peine écoulées depuis le départ de Dagobert, lorsque le maréchal, qui après un sombre silence, s’était plusieurs fois approché de la porte de l’appartement de ses filles avec une hésitation remplie d’angoisse, fit un violent effort sur lui-