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chait un peu courbé comme s’il eût fléchi sous le poids de sa colère ; tantôt, au contraire, s’arrêtant brusquement, se redressant ferme sur ses reins, croisant ses bras sur sa robuste poitrine, le front haut, menaçant, le regard terrible, il semblait défier un ennemi invisible en murmurant quelques exclamations confuses ; c’était alors l’homme de la guerre et de la bataille dans toute sa fougue intrépide.

Bientôt le maréchal s’arrêta, frappa du pied avec colère, s’approcha de la cheminée, et sonna si violemment que le cordon lui resta entre les mains.

Un domestique accourut à ce tintement précipité.

— Vous n’avez donc pas dit à Dagobert que je voulais lui parler ? s’écria le maréchal.

— J’ai exécuté les ordres de M. le duc ; mais M. Dagobert accompagnait son fils jusqu’à la porte de la cour, et…

— C’est bon, dit le maréchal Simon en faisant de la main un geste impérieux et brusque.

Le domestique sortit, et son maître continua de marcher à grands pas, en froissant avec rage une lettre qu’il tenait dans sa main gauche. Cette lettre lui avait été innocemment remise par Rabat-Joie qui, le voyant rentrer, était accouru lui faire fête.