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Djalma, rassurée sur elle-même, la jeune fille se trouvant pour ainsi dire à son aise, le délicieux enjouement du bonheur vint remplacer peu à peu les émotions et le trouble qui l’avaient d’abord agitée.

Alors, se rasseyant, elle dit à Djalma, en lui montrant un siége en face d’elle :

— Veuillez vous asseoir… mon cher cousin… et laissez-moi vous appeler ainsi, car je trouve un peu trop d’étiquette dans le mot prince, et, quant à vous, appelez-moi votre cousine, car je trouve aussi mademoiselle trop grave. Ceci réglé, causons d’abord en bons amis.

— Oui, ma cousine, répondit Djalma, qui avait rougi au mot d’abord.

— Comme la franchise est de mise entre amis, répondit Adrienne, je vous ferai d’abord un reproche…, ajouta-t-elle avec un demi-sourire en regardant le prince.

Celui-ci, au lieu de s’asseoir, restait debout, accoudé à la cheminée, dans une attitude remplie de grâce et de respect.

— Oui, mon cousin…, reprit Adrienne, un reproche que vous me pardonnerez peut-être ;… en un mot, je vous attendais… un peu plus tôt…

— Peut-être, ma cousine, me blâmerez-vous de n’être pas venu plus tard.