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d’égaré dans les yeux et, depuis la veille, il était à peine reconnaissable ; sa main qu’il m’a donnée en nous quittant était sèche et brûlante. L’abbé d’Aigrigny est rentré. « Mon père, lui a dit M. Hardy, voulez-vous avoir la bonté de reconduire M. Agricol Baudoin ? » En disant ces mots, il m’a fait de la main un signe d’adieu, et il est rentré dans la chambre voisine. Tout était fini, il était à jamais perdu pour nous.

— Oui, dit Dagobert, ces robes noires l’ont ensorcelé comme tant d’autres…

— Alors, reprit Agricol, désespéré, je suis revenu ici avec M. Dupont. Voilà donc que les prêtres sont parvenus à faire de M. Hardy… de cet homme généreux, qui faisait vivre près de trois cents ouvriers laborieux dans l’ordre et dans le bonheur, développant leur intelligence, améliorant leur cœur, se faisant enfin bénir par ce petit peuple dont il était la providence… Au lieu de cela, M. Hardy est maintenant à jamais voué à une vie contemplative, sinistre et stérile…

— Oh ! les robes noires !… dit Dagobert en frissonnant sans pouvoir cacher un effroi indéfinissable, plus je vais… plus j’en ai peur… Tu as vu ce que ces gens-là ont fait de ta pauvre mère… tu vois ce qu’ils viennent de faire de M. Hardy ;… tu sais leurs complots contre mes