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— Une heure après, nous étions sur la voie de M. Hardy, car nous avions su par les postillons de retour qu’il tenait la route d’Orléans ; nous le suivons jusqu’à Étampes ; là on nous dit qu’il avait pris la traverse pour gagner une maison isolée dans une vallée, à quatre lieues de toute grande route ; que cette maison, appelée le Val-de-Saint-Hérem, appartient à des prêtres ; mais que la nuit est si noire, les chemins si mauvais, que nous ferions mieux de coucher à l’auberge et de repartir de grand matin ; nous suivons ce conseil. Au point du jour nous montons en voiture ; un quart d’heure après, nous quittons la grande route pour une traverse montueuse et déserte ; ce n’étaient partout que des rocs de grès avec quelques bouleaux. À mesure que nous avancions, le site devenait de plus en plus sauvage ; on se serait cru à cent lieues de Paris. Enfin, nous nous arrêtons devant une grande et vieille maison noirâtre, à peine percée de quelques petites fenêtres, et bâtie au pied d’une haute montagne toute couverte de ces roches de grès. De ma vie je n’ai rien vu de plus désert, de plus triste. Nous descendons de voiture, je sonne à une porte ; un homme vient m’ouvrir. « L’abbé d’Aigrigny est arrivé ici, cette nuit, avec un monsieur ? dis-je à cet homme avec un air d’intelligence ; prévenez