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— Eh bien ! mon bon monsieur, écoutez-moi, et vous allez voir que c’est la prière qui a sauvé M. de Rancé… qui en a fait un saint. Oui, ces tourments affreux que je viens de vous dépeindre, ces visions menaçantes… c’est la prière qui les a conjurés, qui les a changés en célestes délices.

— Je vous en supplie, dit M. Hardy d’une voix accablée, parlez-moi de Gabriel… parlez-moi du ciel… Oh ! mais plus de ces flammes… de cet enfer… où des femmes coupables pleurent du sang…

— Non, non, ajouta Rodin.

Et autant dans la peinture de l’enfer son accent avait été dur et menaçant, autant il devint tendre et chaleureux en prononçant les paroles suivantes :

— Non, plus de ces images du désespoir… car, je vous l’ai dit, après avoir souffert des tortures infernales, grâce à la prière, comme vous disait l’abbé Gabriel, M. de Rancé a goûté les joies du paradis.

— Les joies du paradis ?… répéta M. Hardy en écoutant avec avidité.

— Un jour, au plus fort de sa douleur, un prêtre… un bon prêtre… un abbé Gabriel, parvient jusqu’à M. de Rancé. Ô bonheur !… ô Providence !… en peu de jours, il initie cet