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— Monsieur, j’ai trop souffert pour qu’aucun chagrin me soit indifférent, répondit M. Hardy. D’ailleurs, vous n’êtes pas un étranger pour moi… vous m’avez rendu un véritable service… et nous ressentons tous deux une vénération commune pour un jeune prêtre…

— L’abbé Gabriel ! s’écria Rodin en interrompant M. Hardy. Ah ! monsieur ! c’est mon sauveur… mon bienfaiteur… Si vous saviez ses soins, son dévouement pour moi pendant ma longue maladie, qu’une affreuse douleur avait causée !… si vous saviez la douceur ineffable des conseils qu’il me donnait !…

— Si je le sais !… monsieur, s’écria M. Hardy, oh ! oui, je sais combien son influence est salutaire.

— N’est-ce pas, monsieur, que, dans sa bouche, les préceptes de la religion sont remplis de mansuétude ? reprit Rodin avec exaltation ; n’est-ce pas qu’ils consolent ? n’est-ce pas qu’ils font aimer, espérer, au lieu de faire craindre et trembler ?

— Hélas ! monsieur, dans cette maison même, dit M. Hardy, j’ai pu faire cette comparaison…

— Moi, dit Rodin, j’ai été assez heureux pour avoir tout de suite l’angélique abbé Gabriel pour confesseur… ou plutôt pour confident…