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pour connaître la cause du chagrin subit de Gabriel, et lui répondit :

— Vous me demandez quand nous nous reverrons ? mais demain, car je quitte aujourd’hui cette maison.

— À demain donc, mon cher frère, dit Gabriel en serrant la main de M. Hardy.

Celui-ci, par un mouvement involontaire, peut-être instinctif, au moment où Gabriel retirait sa main, la serra, et la garda entre les siennes comme si, craignant de le voir partir, il eût voulu le retenir auprès de lui.

Le jeune prêtre, surpris, regarda M. Hardy ; celui-ci lui dit, en souriant doucement, et en abandonnant sa main qu’il tenait :

— Pardon, mon frère, mais, vous le voyez, grâce à ce que j’ai souffert ici… je suis devenu un peu comme les enfants, qui ont peur… lorsqu’on les laisse seuls…

— Et moi, je suis rassuré sur vous… Je vous laisse avec des pensées consolantes, avec des espérances certaines. Elles suffiront à occuper votre solitude jusqu’à l’arrivée de mon bon Agricol… qui ne peut tarder à revenir… Encore adieu et à demain, mon frère.

— Adieu… et à demain, mon cher sauveur. Oh ! ne manquez pas de venir, car j’aurai encore grand besoin de votre bienfaisant appui