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mal que vous a fait cette trahison… votre cœur se brisera dans une désolation incurable ;… pensez, au contraire, au charme du pardon, à la douceur de la prière, et votre cœur s’allégera, et votre âme sera heureuse, car elle sera selon Dieu.

Ouvrir soudain à cette nature si généreuse, si délicate, si aimante, les voies adorables et infinies du pardon et de la prière, c’était répondre à ses instincts, c’était sauver ce malheureux ; tandis que l’enchaîner à un sombre et stérile désespoir, c’était le tuer, ainsi que l’avaient espéré les révérends pères.

M. Hardy resta un moment comme ébloui à la vue du radieux horizon que, pour la seconde fois, la parole évangélique de Gabriel évoquait tout à coup à ses yeux.

Alors, le cœur palpitant d’émotions si contraires, il s’écria :

— Oh ! mon frère, de quelle sainte puissance sont donc vos paroles ? Comment pouvez-vous changer ainsi presque subitement l’amertume en douceur ? Il me semble déjà que le calme renaît dans mon âme en songeant, ainsi que vous le dites, au pardon… à la prière… à la prière remplie de mansuétude et d’espérance.

— Oh ! vous verrez, reprit Gabriel avec entraînement, quelles douces joies vous atten-