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— Hélas ! comment l’espérer ?

— Croyez-moi, mon frère ;… elles se guériront du moment où vos chagrins passés, loin d’éveiller en vous des pensées de désespoir… éveilleront des pensées consolantes, presque douces.

— De pareilles pensées… consolantes, presque douces ?… s’écria M. Hardy, ne pouvant croire ce qu’il entendait.

— Oui, reprit Gabriel en souriant avec une bonté angélique, car il est, voyez-vous, de grandes douceurs, de grandes consolations dans la pitié… dans le pardon. Dites… dites, mon frère, la vue de ceux qui l’avaient trahi, a-t-elle jamais inspiré au Christ des pensées de haine, de désespoir, de vengeance ?… Non, non… il a trouvé dans son cœur des paroles remplies de mansuétude et de pardon ;… il a souri dans ses larmes avec une indulgence ineffable, puis il a prié pour ses ennemis. Eh bien ! au lieu de souffrir avec tant d’amertume de la trahison d’un ami… plaignez-le, mon frère… priez tendrement pour lui… car, de vous deux… le plus malheureux… n’est pas vous… Dites ! dans votre généreuse amitié… quel trésor n’a pas perdu cet infidèle ami !… qui vous dit qu’il ne se repent pas, qu’il ne souffre pas ? Hélas ! il est vrai, si vous pensez toujours au