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et si vous le désirez… mon frère, ce sera le confesseur qui vous entendra.

— Vous obéissez même aux lois… que vous n’approuvez pas ? dit M. Hardy, étonné de cette soumission.

— Mon frère, quoi que l’expérience nous apprenne, quoi qu’elle nous dévoile…, reprit tristement Gabriel, un vœu formé librement… sciemment… est pour le prêtre un engagement sacré… est pour l’homme d’honneur une parole jurée… Tant que je resterai dans l’Église… j’obéirai à sa discipline, si pesante que soit quelquefois pour nous cette discipline.

— Pour vous, mon frère ?

— Oui, pour nous, prêtres de campagne ou desservants des villes, pour nous tous, humbles prolétaires du clergé, simples ouvriers de la vigne du Seigneur ; oui, l’aristocratie qui s’est peu à peu introduite dans l’Église est souvent envers nous d’une rigueur un peu féodale ; mais telle est la divine essence du christianisme, qu’il résiste aux abus qui tendent à le dénaturer, et c’est encore dans les rangs obscurs du bas clergé que je puis servir mieux que partout ailleurs la sainte cause des déshérités et prêcher leur émancipation avec une certaine indépendance… C’est pour cela, mon frère, que je reste dans l’Église, et, y restant,