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bron d’un air d’intelligence), mais aujourd’hui vous devez comprendre… que c’est presque un devoir.

— Oui, je le comprends, bon et noble cœur, dit le comte d’un air ému, pendant que madame de Morinval, qui ignorait complètement l’amour de mademoiselle de Cardoville pour Djalma, regardait avec autant de surprise que de curiosité le comte et la jeune fille.

M. de Montbron, s’avançant alors au dehors de la portière et tendant ses mains à l’enfant, lui dit :

— Donne-moi tes deux mains, petite.

Quoique bien étonnée, l’enfant obéit machinalement et tendit ses deux petits bras ; alors le comte la prit par les poignets et l’enleva très-adroitement, avec d’autant plus de facilité, que la voiture était fort basse et, nous l’avons dit, allait au pas.

L’enfant, plus stupéfaite encore qu’effrayée, ne dit mot. Adrienne et madame de Morinval laissèrent un vide entre elles ; on y blottit la petite fille qui disparut aussitôt sous les pans des châles des deux jeunes femmes.

Tout ceci fut exécuté si rapidement qu’à peine quelques personnes, passant dans les contre-allées, s’aperçurent de cet enlèvement.

— Maintenant, mon cher comte, dit Adrienne