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— As-tu ta mère, mon enfant ?

— Non, madame ; je n’ai plus ni mère, ni père…

— Qui prend soin de toi ?

— Personne, madame… On me donne des bouquets à vendre ; il faut que je rapporte des sous… Sans cela… on me bat.

— Pauvre petite !

— Un sou… ma bonne dame, un sou pour l’amour de Dieu, dit l’enfant en continuant d’accompagner la calèche qui marchait alors au pas.

— Mon cher comte, dit Adrienne en souriant et en s’adressant à M. de Montbron, vous n’en êtes malheureusement pas à votre premier enlèvement… penchez-vous en dehors de la portière, tendez vos deux mains à cette enfant ; enlevez-la prestement ;… nous la cacherons vite entre madame de Morinval et moi… et nous quitterons la promenade sans que personne ne se soit aperçu de ce rapt audacieux.

— Comment ? dit le comte avec surprise, vous voulez…

— Oui… je vous en prie.

— Quelle folie !

— Hier peut-être vous auriez pu traiter ce caprice de folie, mais aujourd’hui, (et Adrienne appuya sur ce mot en regardant M. de Mont-