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Adrienne, du fond de sa voiture, s’amusait à voir miroiter sous ses yeux ce tourbillon étincelant de tout le luxe parisien ; mais au milieu de ce brillant chaos, elle voyait par la pensée se dessiner la mélancolique et douce figure de Djalma, lorsque quelque chose tomba sur ses genoux ;… elle tressaillit.

C’était un bouquet de violettes un peu fanées.

Au même instant, elle entendit une voix enfantine qui disait, en suivant la calèche :

— Pour l’amour de Dieu… ma bonne dame… un petit sou.

Adrienne tourna la tête, et vit une pauvre petite fille pâle et hâve, d’une figure douce et triste, à peine vêtue de haillons, et qui tendait sa main en levant des yeux suppliants.

Quoique ce contraste si frappant de l’extrême misère au sein même de l’extrême luxe fût si commun, qu’il n’était plus remarquable, Adrienne en fut doublement affectée ; le souvenir de la Mayeux, peut-être alors en proie à la plus affreuse misère, lui vint à la pensée.

— Ah ! du moins, pensa la jeune fille, que ce soir ne soit pas pour moi seule un jour de radieux bonheur.

Se penchant un peu en dehors de la voiture, elle dit à la petite fille :