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heureuse et fière en songeant à Djalma ; lorsqu’elle le comparait à ces hommes à la mode, son bonheur augmentait encore. Et de fait, ces jeunes gens, dont la plupart n’avaient jamais quitté Paris, ou qui s’étaient au plus aventurés jusqu’à Naples ou jusqu’à Baden, lui semblaient bien pâles auprès de Djalma, qui, à son âge, avait tant de fois victorieusement commandé et combattu dans de sanglantes guerres, et dont la réputation de courage et d’héroïque générosité, citée avec admiration par les voyageurs, arrivait du fond de l’Inde jusqu’à Paris. Et puis enfin les plus charmants élégants, avec leurs petits chapeaux, leurs redingotes étriquées, et leurs grandes cravates, pouvaient-ils approcher du prince indien, dont la gracieuse et mâle beauté était encore rehaussée par l’éclat d’un costume à la fois si riche et si pittoresque ?

Tout était donc, en ce jour de bonheur, joie et amour pour Adrienne ; le soleil, se couchant dans un ciel d’une sérénité splendide, inondait la promenade de ses rayons dorés ; l’air était tiède ; les voitures se croisaient en tous sens ; les chevaux des cavaliers passaient et repassaient rapides et fringants ; une brise légère agitait les écharpes des femmes, les plumes de leurs chapeaux ; partout enfin le bruit, le mouvement, la lumière.