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toujours impassible. Mais vous m’aviez aussi promis un conseil, ma chère demoiselle.

— Le conseil sera bref ; n’essayez pas de lutter contre moi, parce qu’il y a, voyez-vous, quelque chose de plus fort que vous et les vôtres : c’est une femme qui défend son bonheur.

Adrienne prononça ces derniers mots avec une confiance si souveraine ; son beau regard étincelait, pour ainsi dire, d’une félicité si intrépide, que Rodin, malgré sa flegmatique audace, fut un moment effrayé.

Cependant il ne parut nullement déconcerté, et, après un moment de silence, il reprit avec un air de compassion presque dédaigneuse :

— Ma chère demoiselle, nous ne nous reverrons jamais, c’est probable ;… rappelez-vous seulement une chose que je vous répète : je ne me justifie jamais ; l’avenir se charge de cela… Sur ce, ma chère demoiselle, je suis, nonobstant, votre très-dévoué serviteur…

Et il salua.

— M. le comte… à vous rendre mes respectueux devoirs, ajouta-t-il en s’inclinant devant M. de Montbron plus humblement encore.

Et il sortit.

À peine Rodin fut-il sorti qu’Adrienne courut à son bureau et écrivit quelques mots à la