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Ces révélations, gravement inquiétantes, et faites coup sur coup, abasourdirent Rodin ; il resta muet, effrayé, songeant à l’avenir.

— Comprenez-vous maintenant, monsieur, notre gratitude envers vous ? reprit Adrienne d’un ton de plus en plus railleur. Grâce à votre sagacité, grâce au touchant intérêt que vous nous portiez, nous vous devons, le prince et moi, d’être éclairés sur nos sentiments mutuels.

Le jésuite reprit peu à peu son sang-froid, et son calme apparent irrita fort M. de Montbron, qui, sans la présence d’Adrienne, eût donné un tout autre tour au persiflage.

— Il y a erreur, dit Rodin, dans tout ce que vous me faites l’honneur de m’apprendre, ma chère demoiselle. Je n’ai de ma vie parlé du sentiment, on ne peut plus convenable et respectable, d’ailleurs, que vous auriez pu avoir pour le prince Djalma…

— Il est vrai, reprit Adrienne, par un scrupule de discrétion exquise, lorsque vous me parliez du profond amour que le prince Djalma ressentait… vous poussiez la réserve, la délicatesse, jusqu’à me dire que… ce n’était pas moi qu’il aimait…

— Et le même scrupule vous faisait dire au prince que mademoiselle de Cardoville aimait