Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah !… ah !… vous voici, monsieur l’homme de bien ?

— Approchez… monsieur, approchez donc, reprit Adrienne avec un sourire moqueur ; vous la perle des amis, vous le modèle des philosophes… vous l’ennemi déclaré de toute fourberie, de tout mensonge, j’ai mille compliments à vous faire…

— J’accepte tout de vous, ma chère demoiselle… même des compliments immérités, dit le jésuite en s’efforçant de sourire, et découvrant ainsi ses vilaines dents jaunes et déchaussées. Mais puis-je savoir ce qui me mérite vos compliments ?

— Votre pénétration, monsieur… car elle est rare, dit Adrienne.

— Et moi, monsieur, dit le comte, je rends hommage à votre véracité… non moins rare… trop rare… peut-être.

— Moi, pénétrant, en quoi, ma chère demoiselle ? dit froidement Rodin ; moi, véridique, en quoi, M. le comte ? ajouta-t-il en se tournant ensuite vers M. de Montbron.

— En quoi… monsieur ? dit Adrienne ; mais vous avez deviné un secret entouré de difficultés, de mystères sans nombre. En un mot, vous avez su lire au plus profond du cœur d’une femme…