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— Je serai cette bienfaisante fée, dit tout à coup le comte en souriant.

— Vous ?

— Moi.

— Et comment ?

— Voyez la puissance de ma baguette : je veux vous distraire d’une partie de vos pensées en vous les rendant matériellement visibles…

— Expliquez-vous, de grâce.

— Et de plus mon projet aura encore pour vous un autre avantage. Écoutez-moi : vous êtes si heureuse, que vous pouvez tout entendre… votre odieuse tante et ses odieux amis répandent le bruit que votre séjour chez M. Baleinier…

— A été nécessité par la faiblesse de mon esprit, dit Adrienne en souriant. Je m’y attendais.

— C’est stupide ; mais comme votre résolution de vivre seule vous fait des envieux et des ennemis, vous sentez pourquoi, il ne manquera pas de gens parfaitement disposés à donner créance à toutes les stupidités possibles.

— Je l’espère bien… Passer pour folle aux yeux des sots… c’est très-flatteur.

— Oui, mais prouver aux sots qu’ils sont des sots, et cela à la face de tout Paris, c’est assez amusant ; or, on commence à s’inquiéter de votre disparition ; vous avez inter-