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L’enfant étant incapable de marcher, le prince l’emporte, se cache avec lui au plus épais du taillis. Les Anglais arrivent, fouillent les jungles ; les deux victimes échappent. Après une nuit et un jour de marches, de contre-marches, de ruses, de fatigues, de périls inouïs, le prince, portant toujours l’enfant, dont l’une des jambes était à demi brisée, parvient à gagner le camp de son père, et dit simplement : J’avais promis à sa mère qu’il serait mon frère, j’ai agi en frère. »


— C’est admirable ! s’écria le comte.

— Continuez… oh ! continuez, dit Adrienne en essuyant une larme, sans détourner ses yeux du bas-relief qu’elle continuait de contempler avec une admiration croissante.

Le comte poursuivit :


« … Une autre fois, le prince Djalma, suivi de deux esclaves noirs, se rend, avant le lever du soleil, dans un endroit très-sauvage, pour s’emparer d’une portée de deux petits tigres âgés de quelques jours. Le repaire avait été signalé. Le tigre et sa femelle étaient encore au dehors à la curée. L’un des noirs s’introduit dans la tanière par une étroite ouverture ; l’autre, aidé de Djalma, abat à coups de hache un assez gros