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À peine Florine sortie, Adrienne s’approcha de M. de Montbron d’un pas rapide ; elle semblait grandie ; à la voir s’avancer légère, triomphante et radieuse, on eût dit une divinité marchant sur des nuées.

— Quand le verrai-je ?

Tel fut son premier mot à M. de Montbron.

— Mais… demain, il faut le préparer à tant de bonheur ; chez une nature si ardente… une joie si soudaine, si inattendue… peut être terrible.

Adrienne resta un moment pensive, et dit tout à coup :

— Demain… oui… pas avant demain… j’ai une superstition de cœur.

— Laquelle ?

— Vous le saurez… il m’aime… ce mot dit tout, renferme tout, comprend tout… est tout… et pourtant, j’ai mille questions sur les lèvres… à propos de lui ;… je ne vous en ferai aucune avant demain… non, parce que, par une adorable fatalité… demain est, pour moi… un anniversaire sacré… D’ici là, je vivrai un siècle… Heureusement… je puis attendre… Tenez…

Puis, faisant signe à M. de Montbron, elle le conduisit près du Bacchus indien.

— Comme il lui ressemble !… dit-elle au comte.