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IV


Amour.


Mademoiselle de Cardoville était transfigurée : pour la première fois, sa beauté éclatait dans tout son lustre. Jusqu’alors voilée par l’indifférence, ou assombrie par la douleur, un éblouissant rayon de soleil l’illuminait tout à coup.

La légère irritation causée par la perfidie de Rodin avait passé comme une ombre imperceptible sur le front de la jeune fille. Que lui importaient maintenant ces mensonges, ces perfidies ? N’étaient-elles pas déjouées ?

Et à l’avenir… quel pouvoir humain pourrait se mettre entre elle et Djalma, si sûrs l’un de l’autre ? Qui oserait lutter contre ces deux êtres résolus et forts de la puissance irrésistible de la jeunesse, de l’amour et de la liberté ? Qui oserait tenter de les suivre dans cette sphère embrasée où ils allaient, eux si beaux, eux si heureux, se confondre dans un amour si inextinguible, protégés et défendus par leur bonheur, armure à toute épreuve ?