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cher, crânes chevaux, tout de même, pour monter à ce trot-là ce roidillon de rue Blanche.

Le cocher terminait cette réflexion, lorsqu’à la faveur de l’éclaircie momentanée, il vit un homme descendre de cette voiture, s’avancer rapidement, s’arrêter un instant à la petite porte, l’ouvrir, entrer et disparaître après l’avoir refermée sur lui.

— Tiens, tiens, ça se complique, dit le cocher ; l’un est sorti, en voilà un autre qui rentre.

Ce disant, il se dirigea vers la voiture ; elle était brillamment attelée de deux beaux et vigoureux chevaux ; le cocher, immobile dans son carrick à dix collets, tenait son fouet dressé, le manche appuyé sur son genou droit, ainsi qu’il convient.

— Voilà un chien de temps pour faire faire le pied de grue à de superbes chevaux comme les vôtres, camarade, dit l’humble cocher de fiacre à l’automédon bourgeois qui resta muet et impassible sans paraître seulement se douter qu’on lui parlait.

— Il n’entend pas le français… c’est un Anglais,… ça se reconnaît tout de suite à ses chevaux, dit le cocher, interprétant ainsi ce silence.

Puis, avisant à quelques pas une sorte de valet de pied géant, debout contre la portière, vêtu d’une longue et ample redingote de li-