Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/483

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi dire de près cette étrange rivale, alors qu’elle l’entendait s’exprimer en termes si vulgaires, façons et langage qui, sans nuire à la gentillesse de ses traits, leur donnaient un caractère trivial et peu attrayant.

Les doutes d’Adrienne au sujet du profond amour du prince pour une Rose-Pompon se changèrent donc bientôt en une incrédulité complète : douée de trop d’esprit, de trop de pénétration, pour ne pas pressentir que cette apparente liaison, si inconcevable de la part du prince, devait cacher quelque mystère, mademoiselle de Cardoville se sentit renaître à l’espoir.

À mesure que cette consolante pensée se développait dans l’esprit d’Adrienne, son cœur, jusqu’alors si douloureusement oppressé, se dilatait ; de vagues aspirations vers un meilleur avenir s’épanouissaient en elle ; et pourtant, cruellement avertie par le passé, craignant de céder à une illusion trop facile, elle se rappelait les faits malheureusement avérés : le prince s’affichant en public avec cette jeune fille ; mais, par cela même que mademoiselle de Cardoville pouvait alors complètement apprécier cette créature, elle trouvait la conduite du prince de plus en plus incompréhensible. Or, comment juger sainement, sûrement,