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j’espère qu’elles me trompent. Maintenant, dites… est-ce à vous de baisser les yeux ?

— Vous, dédaignée… pour une femme indigne de vous être comparée ?… Ah ! mademoiselle, je ne puis le croire ! s’écria la Mayeux.

— Et moi aussi, quelquefois je ne puis le croire, et cela sans orgueil, mais parce que je sais ce que vaut mon cœur… Alors je me dis : « Non, celle que l’on me préfère a, sans doute, de quoi toucher l’âme, l’esprit et le cœur de celui qui me dédaigne pour elle. »

— Ah ! mademoiselle, si tout ce que j’entends n’est pas un rêve… si de fausses apparences ne vous égarent pas, votre douleur est grande !

— Oui, ma pauvre amie… grande… oh ! bien grande ;… et pourtant maintenant, grâce à vous, j’ai l’espoir que peut-être elle s’affaiblira, cette passion funeste ; peut-être trouverai-je la force de la vaincre… car, lorsque vous saurez tout, absolument tout, je ne voudrai pas rougir à vos yeux… vous, la plus noble, la plus digne des femmes… vous… dont le courage, la résignation, sont et seront toujours pour moi un exemple.

— Ah ! mademoiselle… ne parlez pas de mon courage, lorsque j’ai tant à rougir de ma faiblesse.