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logement salubre, un vêtement chaud, des aliments suffisants, quelques jours de repos et toute facilité d’étudier, de s’instruire ; parce que le pain de l’âme est dû à tous comme le pain du corps en échange de leur travail et de leur probité ?

Oui, une société égoïste et marâtre est responsable de tant de vices, de tant d’actions mauvaises, qui ont eu pour seule cause première :

L’impossibilité matérielle de vivre sans faillir.

Oui, nous le répétons, un nombre effrayant de femmes n’ont que le choix entre :

Une misère homicide ;

La prostitution ;

Le suicide.

Et cela, disons-le encore, l’on nous entendra peut-être, et cela parce que le salaire de ces infortunées est insuffisant, dérisoire ;… non que leurs patrons soient généralement durs ou injustes, mais parce que souffrant cruellement eux-mêmes des continuelles réactions d’une concurrence anarchique, parce qu’écrasés sous le poids d’une implacable féodalité industrielle (état de choses maintenu, imposé par l’inertie, l’intérêt ou le mauvais vouloir des gouvernants), ils sont forcés d’amoindrir chaque jour les salaires pour éviter une ruine complète.