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moins dans la mort le terme de tant de maux…

— À quoi penses-tu, sœur ? dit Céphyse étonnée du long silence de la Mayeux.

Celle-ci tressaillit et répondit :

— Je pense à la cause qui m’a fait si brusquement sortir de chez mademoiselle de Cardoville et passer à ses yeux pour une ingrate… Enfin, puisse cette fatalité, qui m’a chassée de chez elle, n’avoir pas d’autres victimes que nous ! puisse mon dévouement, si obscur, si infime qu’il eût été, ne jamais manquer à celle qui a tendu sa noble main à la pauvre ouvrière et l’a appelée sa sœur !… puisse-t-elle être heureuse, oh ! à tout jamais heureuse ! dit la Mayeux en joignant les mains avec l’ardeur d’une invocation sincère.

— Cela est beau… sœur… un tel vœu dans ce moment ! dit Céphyse.

— Oh ! c’est que, vois-tu, reprit vivement la Mayeux, j’aimais, j’admirais cette merveille d’esprit, de cœur et de beauté idéale, avec un pieux respect, car jamais la puissance de Dieu ne s’est révélée dans une œuvre plus adorable et plus pure ;… une de mes dernières pensées aura du moins été pour elle.

— Oui… tu auras aimé et respecté ta généreuse protectrice jusqu’à la fin…

— Jusqu’à la fin… dit la Mayeux après un