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Le docteur Baleinier ne le quittait pas du regard, épiait avec une profonde attention, et les effets de la douleur et la réaction salutaire de cette douleur sur le malade qui semblait, en effet, respirer déjà un peu plus librement.

Soudain Rodin porta sa main à son front comme frappé d’une inspiration subite, tourna vivement sa tête vers M. Baleinier, et lui demanda par signe de faire un moment suspendre l’opération.

— Je dois vous avertir, mon révérend père, répondit le docteur, qu’elle est plus d’à moitié terminée, et que si on l’interrompt, la reprise vous paraîtra plus douloureuse… encore…

Rodin fit signe que peu lui importait et qu’il voulait écrire.

— Messieurs… suspendez un moment, dit le docteur Baleinier, ne retirez pas les moxas… mais n’avivez plus le feu.

C’est-à-dire que le feu allait brûler doucement sur la peau du patient, au lieu de brûler vif.

Malgré cette douleur, moins atroce, mais toujours aiguë, profonde, Rodin, restant couché sur le dos, se mit en devoir d’écrire ; par sa position, il fut forcé de prendre le buvard de la main gauche, de l’élever à la hauteur de