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Rodin écrivit rapidement ces mots qu’il donna au docteur :

« Pour vivre… je me ferais couper les quatre membres. Je suis prêt à tout. »

Et il fit un mouvement pour se lever.

— Je dois vous déclarer, non pour vous faire hésiter, mon révérend père, mais pour que votre courage ne soit pas surpris, ajouta M. Baleinier, que cette opération est cruellement douloureuse…

Rodin haussa les épaules, et d’une main ferme écrivit :

« Laissez-moi la tête… prenez le reste… »

Le docteur avait lu ces mots à voix haute ; le cardinal et le père d’Aigrigny se regardèrent, frappés de ce courage indomptable.

— Mon révérend père, dit le docteur Baleinier, il faudrait vous recoucher…

Rodin écrivit :

« Préparez-vous… j’ai à écrire des ordres très-pressés ; vous m’avertirez au moment ».

Puis, ployant un papier qu’il cacheta avec une oublie, Rodin fit signe au père d’Aigrigny de lire les mots qu’il allait tracer, et qui furent ceux-ci :

« Envoyez à l’instant cette note à l’agent qui a adressé les lettres anonymes au maréchal Simon. »