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bientôt les avantages de ce décès, qui réduisaient de sept à six le nombre des héritiers Rennepont, étaient anéantis. À quoi bon cette mort, puisque cette famille, dispersée, frappée isolément avec une persévérance si infernale, se réunissait, connaissant enfin les ennemis qui depuis si longtemps l’atteignaient dans l’ombre ? Si tous ces cœurs blessés, meurtris, brisés, se rapprochaient, se consolaient, s’éclairaient en se prêtant un ferme et mutuel appui, leur cause était gagnée, l’énorme héritage échappait aux révérends pères.

Que faire ? que faire ?

Étrange puissance de la volonté humaine ! Rodin a encore un pied dans la tombe ; il est presque agonisant ; la voix lui manque. Et pourtant, cet esprit opiniâtre et plein de ressources ne désespère pas encore ; qu’un miracle lui rende aujourd’hui la santé, et cette inébranlable confiance dans la réussite de ses projets, qui lui a déjà donné le pouvoir de résister à une maladie, à laquelle tant d’autres eussent succombé, cette confiance lui dit qu’il pourra encore remédier à tout ;… mais il lui faut la santé, la vie…

La santé !… la vie !… et son médecin ignore s’il survivra ou non à tant de secousses… s’il pourra supporter une opération terrible. La