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on n’a pu malheureusement rien entendre, s’est engagée entre ces deux individus. Au bout d’une demi-heure environ, Agricol Baudoin a mis dans la main de l’homme borgne un petit paquet qui a paru devoir contenir de l’or, vu son peu de volume et l’air de profonde gratitude de l’homme borgne, qui a reçu ensuite, d’Agricol Baudoin, avec beaucoup d’empressement, une lettre que celui-ci paraissait lui recommander très-instamment, et que l’homme borgne a mise soigneusement dans sa poche ; après quoi, tous deux se sont séparés, et le forgeron a dit : À demain !

« Après cette entrevue, on a cru devoir particulièrement suivre l’homme borgne ; il a quitté la rue de la Harpe, a traversé le Luxembourg et est entré dans la maison de retraite de la rue de Vaugirard.

« Le lendemain, on s’est rendu de très-bonne heure aux environs du cabaret de la rue de la Harpe, car on ignorait l’heure du rendez-vous donné la veille à l’homme borgne par Agricol ; on a attendu jusqu’à une heure et demie ; le forgeron est arrivé.

« Comme l’on s’était rendu à peu près méconnaissable, dans la crainte d’être remarqué, on a pu, ainsi que la veille, entrer dans le cabaret et s’attabler assez près du forgeron sans lui