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— Que vous apprend donc cette note, mon cher père ?

— On croyait le séjour de M. Hardy dans notre maison complètement ignoré, reprit le père d’Aigrigny, et l’on craint qu’Agricol Baudoin n’ait découvert la demeure de son ancien patron, et qu’il ne lui ait fait tenir une lettre par l’entremise d’un homme de la maison… Ainsi, ajouta le père d’Aigrigny avec colère, pendant ces trois jours, où il m’a été impossible d’aller voir M. Hardy dans le pavillon qu’il habite, un de ses servants se serait donc laissé corrompre ? Il y a parmi eux un borgne dont je me suis toujours défié… le misérable !… Mais non, je ne veux pas croire à cette trahison ; ses suites seraient trop déplorables, car je sais mieux que personne où en sont les choses, et je déclare qu’une pareille correspondance pourrait tout perdre ; en réveillant chez M. Hardy des souvenirs, des idées à grand’peine endormies, on ruinerait peut-être ainsi en un seul jour tout ce que j’ai fait depuis qu’il habite notre maison de retraite !… mais heureusement il s’agit seulement dans cette note de doutes, de craintes, et les autres renseignements, que je crois plus certains, ne les confirmeront pas, je l’espère.

— Mon cher père, dit le cardinal, il ne faut