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voyait que la terrible scène du parvis Notre-Dame avait eu sur sa santé une réaction violente. Néanmoins, sa physionomie devint radieuse et triomphante lorsque, entrant dans la chambre de Rodin, il s’écria :

— Excellente nouvelle !

À ces mots, Rodin tressaillit ; malgré son accablement, il redressa brusquement la tête ; ses yeux brillèrent, curieux, inquiets, pénétrants ; de sa main décharnée, faisant signe au père d’Aigrigny d’approcher de son lit, il lui dit d’une voix si entrecoupée, si faible, qu’on l’entendait à peine :

— Je me sens très mal… Le cardinal m’a presque achevé… Mais si cette excellente nouvelle… avait trait à l’affaire Rennepont… dont la pensée me dévore… et dont on ne me parle pas… il me semble… que je serais sauvé.

— Soyez donc sauvé ! s’écria le père d’Aigrigny, oubliant les recommandations du docteur Baleinier, qui s’était jusqu’alors opposé à ce que l’on entretînt Rodin de graves intérêts.

— Oui, répéta le père d’Aigrigny, soyez sauvé… lisez… et glorifiez-vous : ce que vous aviez annoncé commence à se réaliser.

Ce disant, il tira de sa poche un papier et le remit à Rodin, qui le saisit d’une main avide et tremblante.