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    charité de son arrondissement quant à la juste et légitime répartition de ces secours inespérés.

    Lors du tirage de la loterie, une sorte de bill d’indemnité, relatif à ce changement dans la destination des fonds, serait demandé à l’assemblée par M. le curé de Saint-Eustache, avec la chaleureuse éloquence qui ne lui fait jamais défaut, et qui certainement n’aura jamais été inspirée par un sentiment plus chrétien.

    Nul doute que la majorité des donataires et des souscripteurs ne consente à cette mesure avec joie, nous dirions même avec reconnaissance, lorsque M. le curé, d’une voix émue et surtout convaincue, leur aura peint l’ineffable bonheur qu’ils éprouveront en pensant qu’au lieu d’avoir contribué à la futile édification d’une superfluité si coûteuse et au moins inconvenante dans l’église de l’un des plus pauvres quartiers de Paris, où pullulent tant d’affreuses misères, ils ont assuré désormais et pour toujours des secours annuels à un grand nombre d’infortunes intéressantes ; car, seulement en dix années, trois ou quatre cents familles peuvent être arrachées à une misère quelquefois désespérée.

    Nous applaudissons vivement à cette sage et charitable détermination de M. l’archevêque de Paris, à laquelle M. le curé de Saint-Eustache est si digne de s’associer ; nous pensons comme eux que les bénédictions des familles secourues par cette intelligente aumône seront pour Dieu un concert plus agréable que les sons d’une serinette colossale, coûtât-elle deux cent cinquante mille francs.

    Il est inutile d’ajouter qu’une indemnité sera probablement accordée aux ouvriers qui devaient travailler à l’orgue, et qui d’ailleurs n’eussent nécessairement pas chômé dans le cas où la loterie en question n’aurait pas été imaginée.